“Investir dans l’inspection, c’est investir dans l’avenir.”
A peine 650 euros ! Soit le montant qui restait aux travailleurs étrangers pour un mois de travail sur un grand chantier de construction dans le port d'Anvers. Qui plus est, au cours d'une semaine de travail de six jours ! Révélé en juillet de l'année dernière, cet abus est devenu l'un des cas de traite des êtres humains les plus discutés dans notre pays.
Les mesures de protection des travailleurs prévues par la Belgique valent en principe pour tous. En pratique toutefois, certains groupes n’en bénéficient pas. Avec, comme premières victime, les travailleurs originaires de pays d’un niveau de vie moindre qu’ici. Que les réfugiés ukrainiens en pâtissent n’est dès lors pas un hasard. Une réalité à laquelle les inspecteurs sociaux, dont ceux de l'ONSS, sont confrontés depuis bien plus longtemps...
Avec une toute petite épuisette
Les dérives ne surviennent pas seulement sur les petits chantiers d’infrastructure mais aussi surtout sur les grands chantiers. Des histoires similaires ont ainsi refait surface, ultérieurement et au début 2023, dans le secteur des télécommunications, bien qu’heureusement à plus petite échelle.
Pour les inspecteurs, le travail se révèle souvent difficile. Jona Ceuppens, de l'inspection de l'ONSS, l'a comparé, dans une interview avec Terzake (en néerlandais) , à « pêcher dans un grand étang avec une toute petite épuisette ». La fraude et les abus prennent aussi des voies sans cesse différentes. Un jour, ils affectent un chantier de construction, l’autre des salons de manucure ou des stations de carwash. A l’ONSS d’être constamment sur ses gardes.
Combiner IT et intuition
À l'ONSS, nous veillons à encadrer au mieux nos collaborateurs. Les données jouent un rôle de plus en plus important à cet égard. Fait peu connu : la découverte de l'affaire du port d'Anvers était précédée d’une analyse approfondie par notre équipe de data mining. Preuve de la possibilité de combiner efficacement l'intuition des inspecteurs avec la puissance des algorithmes de l’intelligence artificielle. Nous avons d’ailleurs beaucoup investi dans ce domaine ces dernières années.
Les technologies de l'information prennent également de plus en plus d'importance sur le terrain. Nous avons par exemple développé My Digital Assistant, une application pour nos inspecteurs. Consulter des bases de données, vérifier l'identité d'employés,... peut désormais se faire à partir d’un smartphone. Ce qui les aide à voir rapidement qui est ou n'est pas en ordre administratif sur un chantier. Certaines enquêtes voient ainsi leur durée diminuer de moitié, libérant ainsi du temps à nos inspecteurs pour d’autres vrais problèmes. L’administration papier après inspection s’en trouve aussi fortement diminuée.
Préparer le futur
Porte ouverte que d’affirmer que la Belgique et tous ses pays voisins sont confrontés à d'énormes « chantiers » : le vieillissement de la population, l'impact croissant de la transition climatique, la migration... Autant de défis qui requièrent de très nombreuses mains supplémentaires. Sur un marché du travail déjà tendu, qui va isoler toutes ces maisons et tous ces bureaux, réaliser les grands travaux d'infrastructure nécessaires, s'occuper de nos personnes âgées ou enseigner à nos jeunes dans les prochaines années ? Certes, la digitalisation, qui représente en soi une transition importante, nous y aidera. Mais nous continuerons aussi inévitablement à faire appel à des personnes au sein et en dehors de l'Europe.
Pour gérer correctement cet afflux de main-d'oeuvre, nous devons également pouvoir nous appuyer sur des services d’inspection solides. En tant que société, nous avons tout intérêt à traiter correctement nos travailleurs étrangers et à leur garantir une vie décente.
Le renforcement de nos services d'inspection ne représente donc pas un simple « coût ». Non, il s’impose comme un investissement nécessaire pour maintenir notre bien-être et celui de nos enfants. Investir dans les services d'inspection, c'est investir dans l'avenir.
Koen Snyders
Administrateur général